3 févr. 2011

Quest for Fire






En révélation rock psyché 2010, il y a eu les sympathiques Tame Impala, mais aussi, et on me l'avait caché, les canadiens de Quest for Fire, avec leur deuxième album Lights From Paradise.

Empruntant la même voie que leurs compatriotes Black Mountain, le groupe joue sur deux tableaux. L'album alterne des morceaux calmes aux douces mélodies avec guitares acoustiques ou violons (sur l'ouverture contemplative The Greatest Hits by God) et des morceaux aux envolées électriques avec éruptions de riffs entêtants, flirtant parfois avec le stoner sur le bien nommé In the Place of a Storm. Le chant clair reste lui impassible à la débauche d'énergie et s'y superpose de manière éthérée, tel un tibétain méditatif au bord d'un magma en fusion. On pense aussi bien à Sleepy Sun ou aux vétérans du space rock Hawkwind pour les mélodies, qu'à Mammatus pour le déluge de guitares.

Quand les membres se disent inspirés par les grands espaces du Canada, on les croit volontiers, et on a bien envie de s'écouter l'album lors d'un road trip en Ontario sous les lumières du crépuscule.

Sons

L'album Quest for Fire, et son prédécesseur éponyme sur Spotify.

Clip de I've Been Trying to Leave, extrait de Quest for Fire: 

27 janv. 2011

L.U.C & Rah

             
   

Ce matin, vous vous êtes dit "j'aimerais bien écouter du trip-hop/hip-hop un poil expérimental venu de Pologne". Bon, c'est une pensée étrange, mais ça tombe bien, ça correspond à l'album de L.U.C & Rah.

Les deux producteurs et MC's L.U.C et Rahim se sont associés le temps de l'album Homoxymoronomatura (ce qui, selon un gentil internaute polonais, ne veut rien dire) pour se mettre dans la peau d'aliens en visite sur Terre, ce qui leur inspire des réflexions philosophiques et autres interrogations (et on les comprend). En s'appuyant sur des beats profonds et denses, la musique est riche et mixe samples, flûtes, violons, piano, voix lyriques en fond, cuivres funky ou bluesy... Mais si les voix sont parfois lancinantes et mélancoliques comme sur Hemoglobina (clip en dessous) ou le magistral morceau éponyme final, le tempo peut aussi s'accélérer et le flow se faire dynamique et entêtant. Et sur ce point-là, les polonais n'ont rien à envier aux pointures US pour être percutant et entraînant, en faisant oublier que l'on ne comprend rien aux paroles.

Cet album est à l'image du visuel, un entre-monde qui vous happe entre obscurité et lumière.

Sons

L'album sur Grooveshark.

Le clip de Hemoglobina :

18 janv. 2011

Radio Citizen


     


Radio Citizen, et plus particulièrement le berlinois Niko Schabel qui est aux manettes, a été découvert par Quantic, l'homme aux oreilles bien placées.


L'allemand, armé de ses samples et de ses nombreux instruments (saxo, clarinettes, percussions, flûte, contrebasse...) nous concocte une bande-son cinématique de voyage à écouter sur un ferry quittant le port quand la brume cotonneuse se dissipe plus ou moins. La force du bonhomme est d'alterner l'électro-jazz mid-tempo façon The Cinematic Orchestra et Jaga Jazzist (on pense également un peu au turntablism ambient dense d'Amon Tobin) avec une soul trip-hop au groove tranquille portée par la délicieuse voix chaleureuse de Bajka (entendue chez Bonobo) avec une participation d' Ursula Rucker (The Roots, Wax Tailor). Et le voyage change de tonalités selon les eaux parcourues où surgissent funk latin, rythmiques hypnotiques à la Triosk, reggae nonchalant, résonnances dub, embarquée electronica...

Sorti en 2010, Hope and Despair, comme son prédécesseur, arrive parfaitement à concilier de mutliples influences de la manière la plus naturelle et c'est un régal.

Sons

En écoute sur Grooveshark, les albums Hope and Despair et Berlin Serengeti.

5 janv. 2011

Man Man



Et si on rentrait dans l'arrière salle du cabaret où s'égosille Tom Waits et que l'on tombait sur ses cinq fils plus ou moins légitimes jouant un rock déjantesque sous amphet' ? Bon, la méche vendue (ah, diantre) est dans le titre: il s'agit des joyeux drilles américains de Man Man.

Mené par le charismatique moustachu Honus Honus (oui, les quatre autres pseudos sont du même goût) au piano et au chant éraillé, le groupe nous livre un rock expérimental sautillant au son un peu cirquesque et très joyeux bordel. Car oui, les morceaux sont foutraques où se croisent saxo, basse, xylophone, flûte, trompette, tambourin, kazoo... et diverses percussions étranges, sur lesquels viennent s'ajouter des chœurs entonnés tapant parfois dans l'onomatopée. Et là où on pourrait craindre une soupe indigeste fusionnant Gogol Bordello et Mr Bungle, la mélodie est bien là, entêtante, et tous les éléments tapageurs s'enclenchent parfaitement sur le dernier album Rabbit Habits, sorti en 2008 (les deux précédents sont parfois un poil plus durs à digérer par contre).

Man Man nous fait rentrer avec énergie dans son univers particulier de poésie absurde, flirtant allégrement avec la folie éthylique portée par des paroles surréalistes. Énergie oui, mais aussi tristesse du bourru imbibé sur des morceaux calmes, complaintes mélancoliques émouvantes, toujours originales dans les arrangements qui nous bercent dans les larmes alcoolisées d'une fin de soirée dans un cabaret de fin du monde. Le prochain album est fini et va sortir dans quelques mois... soyez prêts !

Sons

Rabbits Habits sur Deezer.

Le reste de la discographie sur Grooveshark.

Clip de Mister Jung Stuffed:


Clip de Banana Ghost: